En Corée du Sud, des centaines de milliers de jeunes cessent de travailler, épuisés par les mauvais salaires et la pression hiérarchique

La sensation d’épuisement après des années d’études intenses pour un travail qui ne récompense ni l’effort ni le talent est un sentiment universel. En Corée du Sud, cette frustration a atteint un point de rupture, poussant des centaines de milliers de jeunes diplômés à simplement arrêter de travailler. D’après les statistiques d’octobre 2025, le pays compte 736 000 jeunes officiellement « en repos », âgés entre 20 et 39 ans qui ont abandonné l’idée de travailler. La plupart ont de bons diplômes, beaucoup sortent même des grandes universités de Séoul. Ils pointent les très mauvais salaires, la pression hiérarchique et le climat entre collègues, estimant ne pas être récompensés après des années dans un système éducatif ultra-compétitif.

Corée du Sud : le témoignage d’un jeune en rupture

Min-ho, 26 ans, ancien analyste financier vivant à Séoul, incarne cette génération désabusée. « Je suivais le chemin tracé pour moi depuis l’enfance, mais une fois arrivé, j’ai réalisé que la destination n’avait aucun sens. La pression était constante, la reconnaissance absente », confie-t-il. D’après franceinfo.fr, ces jeunes diplômés sont déçus par leur dernier travail et épuisés à l’idée de passer des entretiens pour un nouveau poste, expliquant qu’ils sont en pause pour un temps indéfini.

Une désillusion après des années de sacrifices

Après avoir obtenu son diplôme d’une prestigieuse université, Min-ho pensait avoir réussi. Cependant, la réalité du monde du travail, avec ses salaires décevants et une hiérarchie rigide, a rapidement éteint son enthousiasme. Il a fini par quitter son poste, sans projet immédiat de recherche d’emploi, rejoignant cette cohorte de « jeunes en repos ».

Jeunes : une rébellion passive face à un système exigeant

Ce phénomène n’est pas de la paresse, mais analysé par les sociologues comme une forme de rébellion passive. Ces jeunes contestent un système éducatif et professionnel ultra-compétitif qui ne tient pas ses promesses de récompense et de reconnaissance, malgré les sacrifices consentis durant des années de bachotage intensif, y compris les soirs et week-ends.

Un enjeu économique majeur pour le pays

L’impact de cette tendance est considérable. Ce retrait massif aggrave un effondrement démographique déjà préoccupant et constitue un manque à gagner énorme pour les entreprises. La fédération des industries coréennes estime que ces jeunes en repos ont coûté entre 2019 et 2023 plus de 44 000 milliards de wons à l’économie, soit environ 27 milliards d’euros.

Les tentatives de réponse du gouvernement

Conscient de l’enjeu, le gouvernement coréen tente de rétablir le dialogue. Le ministère du travail propose maintenant des sessions pour les réinitier doucement, de manière virtuelle, à la communication en entreprise et au travail en collaboration, sans aucun stress, avec un accompagnement personnalisé pour chaque jeune en repos.

Une fissure dans le modèle sociétal

Cette situation dépasse la simple question de l’emploi. Elle révèle une fissure profonde dans le modèle de société sud-coréen. Le phénomène des jeunes « en repos » est le symptôme d’un pacte social brisé entre les générations et d’une quête de sens au-delà de la réussite matérielle traditionnellement valorisée.

Vers une transformation des mentalités au travail

À long terme, cette vague de désengagement pourrait forcer une transformation des pratiques managériales et de la culture d’entreprise. Les entreprises pourraient être contraintes de revoir leurs exigences et d’offrir de meilleures conditions pour attirer à nouveau cette génération perdue, remettant en question les fondements du monde du travail coréen.

Un signal d’alarme pour l’avenir

Ce retrait massif du marché du travail est un signal d’alarme puissant. Il ne s’agit pas seulement d’une crise économique, mais d’une profonde remise en question sociétale. L’avenir dépendra de la capacité du pays à réinventer son modèle pour y inclure les aspirations de sa jeunesse en quête de sens et d’équilibre.

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